Gravel Fever Ultra 400 – Edition 1



Je n’ai pas de vélo Gravel. Donc quand j’entends parler de ce futur nouvel évènement de l’agglomération de Chattellerault, organisé par JC Savignoni, je ne m’y attarde pas. D’autant plus quand je vois passer les photos de la reconnaissance du parcours, qui montrent des vélos bloqués par la boue dans des chemins de champs. La raison pour laquelle je ne fais plus de VTT l’hiver !

Mais finalement, 5 jours avant l’épreuve, on me propose une place pour cette première édition.
Branle bas le combat !


Je contacte rapidement les copains pour voir s’il est possible d’obtenir un gravel de prêt. Comme d’habitude, j’ai plusieurs propositions adorables – je vous remercie du fond du coeur.
En parallèle, je me dis que vu le parcours, qui semble composé d’environ 60% de surfaces pavées et de chemins « gravel » – ma définition étant du gravillon si on s’en réfère aux origines américaines de la discipline – je me dis que mon vélotaf pourrait faire l’affaire.
La météo annoncée, pluie et donc boue finit étonnement de me convaincre : je ne prendrai pas un vélo de prêt, ayant trop peur de le rendre en mauvais état après un roulage prolongé sous la pluie et la glaise.

Je décide donc que mon VTT sera la monture idéale, avec des pneus peu cramponnés, des prolongateurs : j’ai des milliers de kilomètres sur routes et chemins dans cette configuration et je sais que c’est l’arme ultime, surtout dans les mauvaises conditions. J’en profite pour regarder certaines vitesses moyennes, et je note par exemple que les 320 premiers km de la French divide sont avalés à 23 km/h de moyenne (sans prolongateurs !) donc je sais que je pourrai tenir un rythme équivalent aux « gravels » sans le moindre soucis.

Malgré tout je lis le règlement de l’épreuve, vu le nom. Il y est stipulé en toutes lettres que les VTT sont interdits (mais pas les vélos de route…). Etant invité, je ne souhaite pas jouer avec les règles et décide donc que mon vélotaf fera l’affaire.

Mercredi soir je reçois 2 pneus en 35 mm, des Hutchinson Overide, quasi lisses. Ils passent au millimètre dans le cadre de mon antédiluvien vélo de route décathlon entrée de gamme avec 60.000km de mauvais traitements au compteur. Il faut reconnaître qu’en dehors d’un changement de chaîne tous les 5000kms, plaquettes usées, pneus tous les 15000kms, je ne fais pas grand chose dessus. Il n’a d’ailleurs plus de frein arrière, je l’ai retiré car le sram rival d’origine était bouffé par le sel et la pollution.
Un petit tour sur route de 15 km me confirme que le vélo roule comme ça.

Jeudi soir, je monte des prolongateurs, gardes boues. Les sacoches et lampes étant à demeure sur ce vélo qui fait 250km de vélotaf par semaine.

Je prépare mes affaires et pour le coup, contrairement au vélo, je sais que j’ai le bon équipement pour 24h sur les petits chemins et routes de campagne.
Je serais d’ailleurs surpris toute la nuit de l’évènement de voir que d’autres participants avaient froid, quand je souffrais presque du mal inverse sans avoir pour autant sorti mes vêtements les plus chaud.



Vendredi, l’heure du départ a sonné.
Je prévois 18 à 20h de vélo si tout se passe bien, et jusqu’à 24h « dans le pire des cas » car je sais que je ne ferai pas la course et que les chemins de champs seront une sinécure pour mon vélo de route.
Je suis rassuré par le fait que la course est découpée en 3 tronçons de 130 km chacun ce qui me laisse penser qu’il n’y a pas besoin de beaucoup d’autonomie (pas plus qu’une sortie du dimanche matin finalement) et qu’il est possible de s’arrêter facilement en route puisque les CPs sont dans des grandes villes. Parfait pour une épreuve de fin de saison, sans se mettre la pression, surtout après mon abandon sur le Paris – Brest – Paris 2 mois plus tôt.

Heureusement, hasard des calendriers, moi qui n’avait pas fait plus de 50 bornes d’affilés depuis plusieurs semaines / mois, je fais un Paris – Le mans en route vent de face en 8h la semaine précédente, me remettant les automatismes des sorties longues en place en terme de rythme et d’alimentation.

Départ > Orléans



Sur le départ, tout le monde est bien en gravel. Sauf un VTT. ça me fait hésiter, dans la voiture qui me dépose au départ, j’ai prévu 2 options – mon VTT m’y attend donc. Mais à nouveau, je me dis que je me dois de respecter le règlement, sinon je ne dois pas participer. Je retire quand même le garde boue avant qui risque de me gêner dans la boue vu le peu de dégagement.

Je retrouve les copains au départ, donc certains non vu de longue date. JP et sa team de graveleux féroces sont venus en nombre pour en découdre. Ce ne sont plus des débutants et ils sont équipés comme il faut (comme je devrais !) pour ce type de parcours. Philou a son superbe Rodéo, Jeanne son BMC urs.
JC Savignoni, qu’on ne présente plus et que j’avais eu la chance de croiser sur les routes d’une Born To Ride il y a quelques années, a fait venir des athlètes de très haut niveau puisque des coureurs pro tour seront au départ. Le podium est donc déjà défini 😉

Les fauves sont assez vite lâchés depuis le vélodrome de St Quentin en Yvelines, je reconnais Richard de Spotzle sur un autre Rodéo et roule dans le peloton de tête, rapidement composé d’une dizaine de graveleux.
Je ne trouve pas que le rythme soit si enlevé que ça, et je prends ma part de « relais » sans soucis.
On rentre dans la vallée de Chevreuse par des chemins que j’aime pratiquer en VTT. Il fait jour et bon, je roule tous les vêtements ouverts, et je m’amuse avec mon vélo de route dans les singles, sans soucis pour suivre les gravels. Je me retrouve même en tête avec Philou, devant les pros, et attaque une petite descente dans les pierres, Richard derrière moi, sans toucher aux freins (de toute façon j’ai que l’avant et les pierres sont humides). En VTT, je n’aurais rien senti. En route, j’entends le sifflement classique de la crevaison par pincement. 14km, 34 min de roulage, je laisse partir le peloton des premiers, définitivement selon moi.
Je ne m’affole pas et change la chambre à air, celle-ci étant irréparable. Je me fais doubler par les suivants et suis épaté de voir quel écart on a déjà creusé en 30 min.
Finalement, après 8 min de réparation, je repars, juste devant le groupe de JP. Arrêt correct.
Je décide de mettre gaz en grand et de partir en chasse des premiers, je me dis que si je roule sans me désunir je peux faire la jonction à Orléans, à 115 km de là. Evidemment, j’exclus d’office les 3 pros, qui eux, jouent selon moi dans une cours différente.
Je n’étais pas venu faire la course, mais je sais que je peux trouver des gens au niveau similaire au miens devant et peut être passer une partie de nuit avec eux.

Je mets des watts dans le premiers chemin d’herbe suivant, alors que j’ai déjà doublé une bonne partie de ceux qui m’avaient repris pendant mon changement de chambre, et… ne manque pas de m’étaler de tout mon long, mes pneus n’accrochant rien sur cette surface ultra glissante.
Je me relève péniblement. Pourquoi j’ai cru une seule seconde qu’un vélo de route pouvait faire 400 km de gravel ? Quelle absurdité. En même temps, il fait beau, et Orléans est à moins de 6h, autant y aller, que je n’ai pas préparé toutes mes affaires pour rien. J’enlève de ma tête tout objectif de rattraper qui que ce soit, et roule à ma main, mode « holiday on ice » activé. C’est sportif, mais pas si inefficace. Je me rends vite compte que dès que ça glisse, faut accélérer. Je ne regarde donc plus vraiment le terrain, et tente juste de rouler le plus vite possible.

Evidemment, je crève à nouveau dans la descente suivante. Dernière chambre à air. Mes minutes sont désormais comptées, je n’irai pas au bout c’est une évidence, mais je veux profiter des minutes ou heures qu’il me reste.

Je me retrouve à poursuivre dans un chemin stabilisé la voiture de l’organisation, coffre ouvert et photographes aux aguets 🙂 C’est un moment plaisant, mais dangereux pour eux, le rendement de mon vélo me permettant de rouler à 30+ km/h sur ce genre de terrain et eux se font sacrément secouer, le coffre se refermant même sur eux !



J’enchaîne jusqu’à ce que la pluie fasse son apparition. Je ferme la shakedry C5 que j’avais déjà enfilée au départ, parfaitement posée sur mon jersey en mérinos. Je roulerai qu’avec ça en haut sur toute l’épreuve.
Quand l’eau commence à trop ruisseler le long de mes jambes, à Dourdan, je m’arrête et enfile mon pantalon Gore également. Je ne le quitterai plus jusqu’à l’arrivée, il me protègera de la pluie, de la boue et du froid. Avec mon garde boue arrière, je roulerai sec. Mes pieds, protégés par des chaussures hiver de vélotaf étanches, font à peu près le boulot.

La pluie devient diluvienne, on ne voit plus rien derrière le rideau de pluie. Les chemins deviennent de la boue collante, je ne sais pas comment je reste sur le vélo. L’air de rien j’ai encore doublé 3-4 graveleux dans ces parties là. Je suis surpris à quel point les graveleux sont précautionneux dans les chemins boueux. Je rattrape un gravel en Sobre Versatile – on se met à bon rythme sur un long bout de route en dévissant météo et « Sobre » étant tous les 2 clients.

Dans le chemin de champs glissant suivant, je m’en remets une belle, le Sobre derrière moi m’évitant de justesse. Il est temps d’allumer les lampes, toujours aussi satisfait de mes Exposure Lights, la Joystick sur la puissance minimum m’ayant servi pendant les 13 à 14h de nuit que nous affrontons. Puis une troisième chute, qui sera la dernière, mes talents de patineur artistique prendront enfin définitivement le dessus pour le reste de l’évènement.

Finalement, je continue mon petit bonhomme de chemin, sous une pluie dense et dans la nuit. Je mets du rythme en solo histoire de ne pas me refroidir mais je suis ravi d’avoir l’équipement (habits) adéquate et les prolongateurs me permettent de ne pas me fatiguer.
Finalement au loin, j’aperçois le clignotement caractéristique des phares rouge d’un groupe de cycliste. Je suis surpris de revenir aussi vite sur un gros groupe, mais ne vous y méprenez pas : ça sera un effort intense pendant un paquet de kilomètres pour combler le trou, seul face au vent et en chasse patate d’un groupe organisé.
Finalement, au profit de la circulation je remonte dans le groupe où j’ai le plaisir de retrouver Philippe, ce qui nous permet de tracter, sur route, pendant un long moment, les autres membres du peloton provisoire en nous racontant nos aventures, notre visions des aventures longues et parler des magnifiques projets à venir de Philippe.
Finalement, on passe à l’arrière du peloton pour se reposer, le vent étant usant comme la pluie, et je commence à faire le yoyo.
ça dure un bon moment, je n’arrive pas à rester dans les roues, j’ai littéralement l’impression d’être collé au bitume, et ne comprends pas comment avec mon vélo de route, où je devrais être à mon avantage, je subis autant.
On rentre finalement dans des chemins après 37km de goudron et là tout s’éclaire d’un coup : mon pneu arrière à moins de 500gr d’air, ça tape contre la jante, je n’arrivais pas à suivre sur le goudron car j’étais à plat ou presque.
Dans les tourbières ou trous de sangliers, mes compagnons acceptent de m’attendre pendant que je regonfle mon pneu – j’évoque une crevaison lente, seul espoir pour moi de repartir, n’ayant plus de quoi réparer. L’obus de ma valve tombe par terre, pneu à plat. De nuit, dans la boue, sous la pluie, ça pourrait être catastrophique, mais miraculeusement on la retrouve. Philipe me fait découvrir un génial outils tout simple que je dois ajouter à mon package : un outil pour resserrer l’obus – ce qu’il fait. Spoiler alert : ma perte d’air venait vraisemblablement de là puisque je n’aurai par la suite plus aucune perte !
A ce moment là, j’hésite à m’arrêter pour prévenir mon « assistance » de venir me chercher à Orléans, c’est évident que je ne peux pas rouler éternellement sans chambre dans des chemins de VTT et en partant maintenant, on pourrait arriver à la même heure au CP1 et être rentré pour se coucher pas trop tard.
Je remercie platement tout le monde et repars dans les chemins, utilisant, pour la seule fois de la nuit, ma grosse lampe Exposure pour avoir un éclairage encore plus puissant. Je n’ai finalement même pas tant l’impression d’être désavantagé avec mon vélo, car même si ça bourre très vite, pour eux aussi, donc on finit tous par porter les vélos sur les passages scabreux. Et quand ça redevient de la DFCI ou chemin stabilisé, sur les prolongateurs, je mets le rythme sans difficulté.

L’un dans l’autre, on arrive au CP1 où on fait la jonction avec tous les autres concurrents – en dehors des trois champions.
Tout le monde fonce pour se changer et manger. Quant à moi, le programme est tout autre : je dois réparer la seule chambre à air qu’il me reste, après avoir mis mes GPS en charge (je ne les charge pas en roulant à cause des vibrations et des risques avec l’eau) et fais l’organisation de mes sacoches.
Benoît, que je salue bien bas, me donne 2 rustines après mon échec pour réparer le pincement avec mes rustines autocollantes, dont l’humidité rend l’usage impossible. Il faut que j’arrête avec ces fausses bonnes idées. Je gonfle mes pneus à 4 barres, quitte à glisser, autant que ça roule vite sur le bitume et que je ne craigne plus de pincer.
JC, l’organisateur, nous débriefe un peu et on profite du buffet et notamment des pizzas. Tout le monde m’attend pour repartir, ils se sont équipés pour la nuit maintenant que 22h a sonné à la magnifique Cathédrale (faux pour la cloche !).
Je suis surpris de voir à quel point tout le monde semble avoir froid, ce n’est pas du tout mon ressenti, alors que je ne suis pas plus couvert.
Je n’ai pas l’impression de faire une épreuve longue, ça ressemble plus à un brevet : on est totalement pris en charge, on a des ravitaillement, accès à des toilettes, tout ça dans un endroit couvert. Le grand luxe, il suffit d’être autonome 130 bornes, ce qui n’est pas très compliqué dans ma vision de la discipline.

Ce premier tronçon est avalé en moins de 6h dont 20 min de réparations diverses pour ma part soit les 23 de moyenne que j’ambitionnais au départ. Nous repartons après 30 min d’arrêt, à 22h30 derrière Mickaël qui a pris les devants, comme Richard et tous les autres que nous avions rattrapé en arrivant au CP.

https://www.strava.com/activities/10074006321

Orléans > Tours



Philippe et Benoît me proposent de repartir avec eux, et je laisse donc mes ambitions d’abandon de côté, il n’est pas si tard, et je sais que ce parcours là est réputé « facile » (aka = pas de dénivelé) et avec plusieurs solutions de replis.
J’ai ajouté une veste sous ma shakedry et un tour de coup, que nous retirerons très rapidement, j’ai trop chaud, contrairement à mes acolytes. Nous ferons plusieurs micro arrêts en fonction des allers et venus de la pluie pour trouver la tenue idéale, pour ma part, je reviens à la tenue de départ et n’en changerai plus. J’ajouterai juste des gants, à Tours, mais avant ça, je roulerai mains nues.

On discute tous les 3, on roulotte mais sans intensité, ce dont je ne m’aperçois pas en réalité. Les moments sont très sympas, car on est pas seul et le temps passe plus vite. On se fera « embêté » par un sanglier qui ne sait pas s’il veut jouer avec nous, courir avec nous ou nous laisser partir, mais finalement on s’en sortira sans encombre.
Je ne cesse de me dire que je serai mieux avec mon VTT : plus confort dans tous les hors route, et pas moins rapide sur la route, vu que le vent nous empêche de dérouler correctement. Vraiment, je suis convaincu que le bon vélo serait le plus confortable.

On avance tranquillement mais je m’aperçois que Philippe commence à douter de la suite, le plaisir n’y est plus pour lui et le sommeil le rattrape. ça sera d’ailleurs le seul moment de ces 22h de vélo, pendant lequel je penserai à cet aspect de l’épreuve. A aucun moment je ne baillerais, n’aurais le sentiment de fatigue, bien aidé par le vent qui tient éveillé, par les phares des autres concurrents et par le pilotage incessant avec pneus fins. Sur les ultra de route, c’est une autre histoire, la fatigue me gagne vite par l’aspect répétitif de l’effort. Je l’avais déjà constaté, mais je me le confirme ici, une nuit blanche avec pilotage n’a rien à voir avec une nuit blanche sur les routes.

On passe Chambord – qui pour moi n’était pas éclairé ! – et on se fait rattrapé par un joli peloton de 6 gaillards qui roulent bon train, emmené par Mathieu futur 4ème, atteint du Covid (ça aurait donné quoi sans !) et surtout premier finisher non professionnel !
Mon sentiment sur l’instant est mitigé : heureux d’un tel peloton puisque nous sommes désormais 9, mais inquiet de ne pas réussir à tenir ce nouveau rythme, me montrant à quel point on s’était laissé endormir sur un faux rythme.
Finalement, un peu avant Amboise, Philippe et Benoît m’évoquent la fatigue / le besoin de manger mais pour ma part je ne veux pas lâcher les costauds.
Nous ne sommes finalement plus que 4, (2 Romain et Mathieu) ayant l’impression d’être dans un groupe de vieux copains qui se connaissent (je découvrirai plus tard que non) ayant lâchés au fur et à mesure tous les autres. Je n’en mène pas large car je me dis que jamais ils ne m’attendront si j’en ai besoin, et ils font régulièrement des relances sauvages en force, ce que j’ai du mal à comprendre sur un tel kilométrage.
Je ne me souviens pas avoir vu Amboise si ce n’est que nous roulons sur du « vrai » gravel le long de la Loire, à savoir du stabilisé.

Tout se joue finalement dans l’entrée d’un chemin de champs en herbe où je suis en dernière position, derrière les 2 Romains qui roulent très lentement (de ma perception) et Mathieu qui creuse l’écart. Comme dans ma tête ils sont copains et roulent ensemble, je ne m’affole pas et laisse Mathieu partir. Loin. Très loin. Quand on ne le voit plus, la discussion entre les 2 comparses me fait comprendre qu’en fait ils ne se connaissaient tous que d’aujourd’hui et que donc Mathieu est parti à son rythme.

Le vent s’est levé et on est scotché, puis Romain le footballeur a un vrai coup de moins bien, on l’encadre à 15 à l’heure sur la route pendant un petit bout de temps, afin qu’il récupère. Les étoiles sont magnifiques et je profiterai même d’étoiles filantes.
On discute, et là aussi, à nouveau, sans m’en apercevoir, nous roulons en réalité sur un faux rythme, le risque la nuit.

A Montlouis sur Loire, on galère à traverser la Loire sur un pont / voie ferrée, mais après plusieurs errances, on est enfin de l’autre côté. Je prends les choses en mains pour arriver à Tours, je me rends compte que mes camarades ne sont peut être pas aussi fort que je le pensais au départ. L’arrivée est ultra longue, l’impression de ne pas en finir, sous la pluie et dans un vent qui ne cesse de grossir.

Ma sacoche Full Frame Apidura me lâche (les attaches pour le cadre) et c’est à nouveau l’abandon qui pointe le bout de son nez. Sans sacoche, je n’ai pas d’eau et plus la possibilité de transporter mes affaires et il reste 130 km (j’estime à 8h). Pas possible après une nuit blanche. (Edit : après discussions avec Apidura, la réparation sera prise. en charge).

J’arrive dépité au CP2 où la femme de JC me reconnait, elle m’avait « dotwatché » sur la BTR. On y retrouve à nouveau nos prédécesseurs, on doit donc rouler au même rythme, ça fait un peu cours des miracles mais à nouveau j’apprécie le buffet (même si je le trouve très léger au regard des frais d’inscriptions – pas plus que sur une rando dominicale). Surtout je ne m’y penche pas vraiment, car pendant que mes acolytes se changent (encore !) et mangent, je cherche une solution pour ma sacoche : en gros je dois trouver de quoi transporter de l’eau – idéalement des petites bouteilles de 50cl – et un moyen de rapatrier ma sacoche et tout son contenu. Je vous passe les errances mais on me trouve 1 bouteille et Richard (merci encore !) me prête une flasque Salomon. Je décide de repartir donc quasi à vide, sans affaires chaudes ou de rechange, sans nourriture ou presque, avec juste mes 2 bouteilles dans les poches de maillot.
Finalement, je m’aperçois que Tours est sur la route de Chattellerault et les bénévoles sont d’accord pour que ma « voiture d’assistance » passe avant 12h récupérer ma sacoche que je laisse là. Quelle chance !
Ici, et je ne le savais pas, il est même possible de dormir. J’ai vraiment rien préparé !
Nous avons roulé 7h et avons pris 7h25 pour faire Orléans Tours. Nous y arrivons un peu avant 6h du matin (j’espérais 4h30…) et en repartons à 6h25.
Finalement je n’abandonne donc pas, à nouveau.



https://www.strava.com/activities/10075426369

Tours > Chattellerault

Les Romain avec qui je roule donc depuis quelques heures et Richard que nous venons de retrouver au CP, repartent avec moi pour ce dernier tronçon. 8h de roulage de prévu.
Il fait toujours nuit et le vent / le rythme n’est pas élevé.
Rapidement on rattrape Mickaël et Louis, et on forme un groupe de 6. Le soleil se lève et on sait que le plus dur (que l’on croit en fait) est derrière nous. Je réalise que je n’ai pas eu sommeil de la nuit, épatant.
Richard finit par lâcher, il n’arrivait pas à se remettre dans le rythme depuis la reprise.

Nous roulons correctement tous les 5, vent de face puis les successions de montées descentes vont faire éclater les choses. Romain vacille, on l’attend. Louis semble aussi à la peine. On roulotte très lentement mais même comme ça, Romain n’y arrive plus. Il finira avec plusieurs heures de retard sur nous. Louis s’accroche et nous formons un groupe de 4 de plus en plus uni et « fort » jusqu’à l’arrivée. Mickaël semble très fort et Romain, qui était en bout de course cette nuit, est désormais complètement dans notre rythme. Nous enchainons les routes, les côtes, les chemins durs sans nous désunir. Dès que ça roule je me penche sur les prolongateurs et tire le groupe.

Je n’en ferai pas des caisses sur ce dernier tronçon. On roule à 18 à l’heure de moyenne, ce qui est très bas. On se bat dans un vent continu et on se dit que seul, on ne serait pas à la fête. On ne trouve pas d’eau et seulement 2 boulangeries, pile à la moitié. On en dévalisera une en bonne et dû forme. Les patates s’enchainent, souvent sans intérêt. Je glisse beaucoup avec mes pneus.
Je perdrai ma magnifique Joystick dans les 30 derniers kilomètres, dégouté car c’était la lampe parfaite qui m’avait accompagné sur toutes mes aventures.
Je souffre dans les longs passages gravels qui ne sont pas spécialement techniques mais pleins de pierres – je dois passer en force et en danseuse. Les passages en forêt, eux, sont plus technique (= VTT pour moi) mais en légèreté ne posent pas de soucis.
C’est long et le paysage n’est pas fabuleux. Seul le chateau La Guerche me tirera de cette monotonie.

Après 7h28 dont 7h08 de roulage, nous venons à bout de cette dernière étape. Nous finissons comme des cadets, au sprint, pour le 5ème temps de l’épreuve (et 2ème temps non professionnel) après un peu moins de 22h total, 408 km et 2500 m de D+.

On nous remet un petit trophée et une médaille en bois, très bon point qui fait plaisir aux enfants !
J’aurai aimé, au vue des prestations et la durée de l’épreuve, une bière / un repas chaud offert, mais peut être ai-je loupé ça ?
A 18h j’étais de retour à Paris et installé en famille à 19h autour d’une raclette salvatrice. Les 11h de sommeil qui ont suivi ont été magique.

Seule blessure, un ongle de pied abimé, qui a du taper au fond de la chaussure dans les chemins.




https://www.strava.com/activities/10077468511

Vélo

Le vélo de route est passé mais je ne le recommande à personne. Les pneus en 35 changent tout par rapport à une monte en 28 ou 30 ou même 32.
Le garde boue arrière était ultra salvateur.
Le frein arrière qui ne m’est pas trop utile sur route, m’a beaucoup plus manqué en hors route, pour ralentir dans les virages, placer le vélo, le rattraper.
J’ai du resserrer pas mal de vis (notamment la direction) et j’ai plus que les vitesses sur le haut de la cassette qui passent : le cable aillant 15000km, je pense qu’un simple remplacement devrait suffire.

Mon rêve absolu depuis plusieurs années, devient de plus en plus concret dans ma tête. Je veux un VTT léger et performant en carbone (le miens étant donc parfait) en full XT avec 2 plateaux dont une grosse galette pour les parties roulantes, avec un guidon gravel et des prolongateurs. Une sorte de Monster Cross. J’y pensais depuis plusieurs années. Ulrich, sur le Tour Divide a montré que c’était pas idiot. C’est donc, j’en suis convaincu désormais, l’arme ultime pour moi.
Il ne me reste plus qu’à trouver un mécano de génie pour me fabriquer ça 🙂

Epreuve

Des excellentes choses :
– l’accueil, la sympathie
– le parcours multi surfaces – même si, j’insiste, les VTT devraient être autorisés.
– le côté Brevet avec tout pris en charge (transport d’affaires, ravitaillements chauffés, nourriture etc.)
– le tracker avec le SOS, sécurité appréciée.

Des choses à travailler
– des parties assez VTT surtout avec la météo (ce qui ne me gênerait pas avec un VTT évidemment)
– 75% de l’épreuve de nuit, c’est un choix que je comprends, mais qui ne laisse profiter de rien
– une trace pas optimisée pour l’ultra (peu de choses à voir – points d’intérêt) et notamment sur le dernier tronçon pas ou presque de ravitaillement possible, notamment en eau.
– je trouve le prix un peu élevé pour ce type longueur

La suite

C’est une vraie question. Je ne sais pas si j’ai encore envie de forcer plusieurs jours. J’ai bien aimé ne pas avoir la partie sommeil à gérer, et je m’étais déjà aperçu de ça sur les brevets. En gros jusqu’à 36h de vélo, ça me semble idéal pour moi.

Je suis convaincu que les évènements déjà tracés me conviennent mieux. Ai-je réellement envie de repartir sur du très long (4000 en route / 2000 en VTT) ? Rouler j’adore ça, longtemps aussi. Mais quel niveau d’inconfort est encore acceptable pour moi ?

Merci

Merci Romain, encore un, pour l’inscription.
Merci à tous les participants qui ont croisé ma route, c’était une belle parenthèse.
Merci à toute l’équipe derrière, qui me permet de vivre cela, que ce soit pour gérer la logistique (départ / arrivée) mais aussi la garde des enfants – tout en optimisant pour être absent le moins longtemps possible.
Merci à tous ceux qui m’ont aidé ou proposé leur aide avant de participer et à tous ceux qui m’ont aidé pendant l’épreuve.

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